Uluru

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vendredi 22 novembre 2013

Pilotis automatiques

On a donc survécu à Air KBZ et nous voilà arrivés au lac Inle. Le vol devait être direct mais on fait finalement escale à Bagan, non prévue au programme, où l'avion se vide, il ne reste plus que 8 personnes pour faire la deuxième partie du vol... Même en étant habitués à l'avion et à des compagnies parfois moyennes en Europe Centrale, on est contents d'arriver après un atterrissage un peu olé olé...



Ça se mérite d'aller au lac Inle, le trajet en bus de Rangoon prend 16 h... Ce lac est perdu au beau milieu du pays Shan, ethnie qui a pris possession du lac il y a plusieurs siècles et qui y a créé une véritable vie. Le lac fait 20 km sur 10, et 100 000 personnes y habitent, dans plus d'une vingtaine de villages littéralement construits sur l'eau. Tout est sur pilotis, des maisons aux petits bars, de la station essence aux jardins, des temples aux monastères, et même une pelleteuse qui drague le fond du lac par endroits... Les Intha (peuple du lac) ont développé de vraies villes flottantes et tout est axé sur l'eau. Ils ont inventé un style de rame unique avec leur jambe, ce qui leur permet de garder les mains libres pour pêcher, ils ont créé des jardins en remplissant certaines parties du lac de racines, terre et sable, ont modelé des rues. Chaque village a sa spécialité et fabrique son artisanat : qui les pirogues, qui les tissus en fleur de lotus, qui les couteaux, qui les poteries... 





















Jusqu'il y a très peu de temps, il n'y avait pas d'argent qui circulait, tout était basé sur le troc, je t'échange un poulet contre 1 kg de tomates, et une robe contre deux couteaux... 

Bref, on a vraiment l'impression de se retrouver à une autre époque, deux siècles en arrière. Entres les brimades que les autres ethnies environnantes leur réservaient et le manque de liberté de mouvement imposée par le régime en place, quand on nait dans ce genre d'endroit, on y meurt aussi ! 













Un endroit magique, mais qui se trouve néanmoins à la croisée des chemins. 

Avec l'ouverture de la Birmanie au tourisme, le lac attire de plus en plus de monde, et cet afflux de personnes n'est pas du tout canalisé. 
Les pirogues sur le lac utilisent un gasoil qui ne semble pas de la meilleure qualité, et le nombre de bateaux va crescendo. Outre le bruit des moteurs, ça fait pas mal de rejets dans le lac. Aucun système ou presque de collectes des ordures, ce qui se gérait à peu près tant que la population reste limitée, mais qui ne manquera pas de poser un problème à terme.







 


De plus, et comme souvent malheureusement, l'apport du tourisme a certes des vertus positives mais également un sérieux revers de médaille, en cassant les repères des populations et en entraînant une forte modification des modes de vie.


  













Un exemple assez parlant : les femmes girafes. Ces femmes, qui se mettent des anneaux au cou des leur plus jeune âge, avec des conséquences néfastes pour leur santé, étaient relativement nombreuses dans le pays Shan, mais protégée du tourisme car vivant dans des régions interdites à la visite. Certaines personnes peu scrupuleuses les ont sorties de leur village et les exposent comme des bêtes de zoo, en Thaïlande ou en Birmanie dorénavant, et notamment sur le lac Inle. Ces femmes ne sont là que pour attirer le touriste et son Leica, et lui faire dépenser quelques dollars en babioles made in China...
On reconnaît avoir au début été curieux de cette étrangeté ethnologique, mais on n'y sera pas allé finalement et on ne regrette pas.







Bref, le lac Inle est vraiment un endroit exceptionnel, plein de sérénité, où l'on découvre un peuple attachant qui vit avec ses traditions et en pleine harmonie avec la nature, mais on espère juste que tout sera fait pour que les visiteurs des prochaines années aient la même chance que nous de découvrir un endroit authentique. 

Le site n'est pas classé Unesco pour des raisons politiques, il serait déjà urgent que cela se fasse afin de mettre en place une politique de préservation du lac et des modes de vie. 






On termine ce merveilleux voyage en pays Shan par un spectacle de marionnettes haut en couleurs où le meneur des frères de Pinocchio, est aussi à fond que Gepetto, on le voit danser derrière son rideau...
Ils sont dans le métier depuis 4 générations, on leur souhaite que ça continue. Définitivement, Gaële est comme une petite fille aux pays des marionnettes. Une fois encore : pourquoi n'a-t-on pas plus de place dans nos bagages ???










1 commentaire:

  1. Votre dernière photo résume bien l'ensemble des commentaires de ce blog: Le défilé de moines devant la pub pour les spaghetti,tagliatelles, pancake, milkshake, illustrant à "merveille" leur futur .............vous vivez la fin d'un monde !

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