Ville au nom de roi... C'est la classe ! Sihanoukville au Cambodge, c'est comme LouisXIVville chez nous, Elisabethtown de l'autre côté de la Manche, ou Bebertbourg à Monaco. Sihanoukhville a en effet régné sur le Cambodge près de 50 ans, traversant les époques et résistant au colonisateur français, à l’indépendance qu'il avait lui même initiée, aux Khmers Rouges, aux communistes viets, avant d'abdiquer et de passer la main à son fils dans les années 2000. Ce qui dénote une habileté assez remarquable et une adaptabilité du discours en fonction des interlocuteurs, mais aussi un opportunisme certain...
LA station balnéaire du Cambodge (le littoral cambodgien n'est pas très grand et n'a pas beaucoup de plages) porte son nom.
On ne nous en a pas dit des merveilles, on est curieux de voir de quoi il retourne.
Mais avant, il faut passer la frontière...
Le bus, on maîtrise ! Nous voilà lancés pour 9 h "annoncées", c'est parti pour une journée de transport !
6h45, un minibus nous récupère devant notre guest house. Tour de l'île pour récupérer nos collègues de voyage, puis traversée en bateau pour retourner sur le continent. De l'autre côté, on retrouve notre minibus, serrés comme des sardines (Hugo n'a pas de siège, et les bagages de tous les passagers -dont nous...- prennent trois sièges pleins)... Deux heures de route jusque la frontière, tvb pour le moment.
On nous avait prévenu que la frontière à cet endroit était sujette à embrouilles et arnaques de la part des douaniers et de tous ceux qui gravitent autour... On avait donc du coup fait nos visas par Internet quelques jours auparavant pour ne pas avoir à se battre avec la maréchaussée locale.
A 50 km de la frontière, le chauffeur, qui est aimable comme une porte de prison et honnête comme un vendeur de voitures d'occasion, arrête ceux qui n'ont pas de visas dans une cahute qui se veut "Consulat du Cambodge" et qui propose de faire les visas pour 40 dollars (au lieu de 20 normalement !). Tout le monde refuse, on repart, et on arrive à la frontière où le chauffeur nous pose et repart aussi vite dans l'autre sens !
On passe la frontière à pied avec nos énormes sacs, sans problèmes du côté thaïlandais. 100 mètres de no man's land, on arrive au Cambodge. Un clampin nous demande nos passeports et veut nous prendre nos températures pour des raisons sanitaires, avec un crayon laser qu'il pointe sur notre front. Pas de problème camarade vas-y, mais il veut ensuite 2 dollars par personne ! On l'envoie promener, il se fâche, on continue notre chemin et il nous laisse partir sans rien dire...
Le visa électronique nous permet d'éviter les embûches suivantes, reste juste à trouver quel est notre bus suivant pour nous amener jusque Sianoukhville (on a acheté un billet complet Ko Chang-Sianoukhville)... Finalement, ça s'arrange, mais il faut attendre deux heures sur le trottoir en plein cagnard...
Quand le minibus arrive, pas de place pour tout le monde, donc les bagages iront sur une planche posée en extension du coffre, sous la pluie, et coffre ouvert. On se serre, et c'est parti pour une route complètement défoncée. Il manque des morceaux entiers de bitume, des trous gigantesques, et beaucoup de portions en terre...
Et en plus, il pleut des seaux... On arrive donc bon an mal an à Sianoukhville vers 19h, exténués et trempés, parce qu'en plus, on n'avait pas réservé d'hôtel, et en trouver un de nuit sous les torrents d'eau n'est pas évident ! On partage quand même notre malheur avec un couple de savoyards et on passera une bonne soirée avec eux !
Sianoukhville donc. Ville très surprenante et pas forcément très agréable. On a la chance d'avoir choisi de dormir sur une plage très excentrée du centre, à une dizaine de km. Les bungalows sont posés sur la mer, une petite plage pas trop fréquentée nous attend au petit dej, avec un grand lagon.
L'endroit est plutôt agréable, très zen, et nous va bien pour nous poser tranquillement. On aurait bien fait du cata mais pas de vent, on se ressource donc tranquillement. Baignades, footing, barbecues et apéros sur la plage, petite musique zen en fond sonore. Zen est vraiment le mot qui caractérise ce bout de plage où on se la coule douce.
Le lendemain, on se décide d'aller voir la partie centrale de Sianoukh´, réputée pour être une zone de fêtes très dissidentes. On n'aimera pas du tout : la ville est bétonnée et on voit que les constructions privilégient la rentabilité à court terme au développement durable, le bord de plages est littéralement rempli de bars qui se font une concurrence de décibels et essayent à tout prix d'attirer le (rare) chaland, la plage et la mer ne sont pas très propres, les touristes se répartissent en deux catégories : des jeunes fêtards qui errent comme des âmes en peine en attendant que la soirée commence pour pouvoir repartir en bringue, et des vieux qui se promènent au bras de l'amour de leur vie qui vient à peine d'être majeure... Et pour couronner le tout, il pleut !
On est donc bien contents de retrouver notre bout de plage excentrée, bien plus sympa !
L'autre attrait de Sianoukh´ réside dans les îles au large, qui sont parait-il paradisiaques et très Robinson Crusoe. Mais le temps nous presse un peu et il faut que l'on avance vers Phnom Penh...
On finira donc assez mitigés sur Sianoukhville, et notamment sur son potentiel pour devenir une vraie destination prisée. Ça fait actuellement un peu station balnéaire en arrière saison, c'est trop axé fête, et on craint même que le petit paradis qu'on a découvert ne résiste pas longtemps à l'attrait du dieu dollar et tombe dans les mêmes travers...
Dommage, les petits bungalows étaient sympa et les fruits semblent tout de même bons.
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