Et vogue la pirogue !

Le lac Tonlé Sap est le plus grand d'Asie du Sud-Est (il parait même qu'on le voit de l'espace) et possède une spécificité particulière, à la saison des pluies, la mousson gonfle tellement le Mékong, qu'elle force le lac à inverser le sens de son cours d'eau.

Quelques 3 millions de personnes vivent sur et autour du lac, entre maisons réellement flottantes (des bateaux portant une maison, qui sont bougées au gré des crues et décrues jusque 10 fois par an) et villages sur pilotis d'une dizaine de mètres de haut pour empêcher les inondations lors de la saison des pluies.

Par rapport au lac Inlé en Birmanie, somme toute un peu similaire, les villages lacustres sont restés très authentiques, car pas du tout axés sur le tourisme. Certes, on paie un droit d'entrée sur le lac pour une promenade en pirogue à moteur (moteur qui devait équiper une tondeuse à gazon à l'origine), ensuite on ne quitte pas le bateau pour rentrer dans le village et aller voir les pseudo artisanats du village. Pas d'interférence du coup dans la vie quotidienne des villageois qui continuent leur vie comme si de rien n'était, et pas de transformation de leur mode de vie, notamment en créant des ateliers factices destinés à vendre aux touristes de l'artisanat non produit chez eux. Ici, ils continuent à vivre comme si de rien n'était.

Pour rejoindre le lac et ses villages, on serpente le long d'un canal, sorte d'entrée au lac bordé de chemins en terre dont l'existence varie avec le niveau d'eau dans le lac, qui longe des petits villages où l'on voit les gamins empêtrés dans leurs filets à pêcher des poissons. Technique archaïque mais rodée : ils prennent leur filet à deux mains, le jettent d'un geste gracieux, et plongent dans une eau trouble pour le ramasser ! Succès incertain mais pourtant ça marche !

De plus, les touristes ont généralement un temps compté à Angkor, consacré en quasi totalité à la visite des temples, et il semble que finalement peu de personnes profitent de cet endroit fabuleux. 

Cela assure donc un charme vraiment sans égal à ces villages. 

On décide de visiter Kampong Phluk, à une trentaine de kilomètres de Siem Reap.

On y découvre la vie des habitants du lac : les pêcheurs nettoient leurs filets, les enfants rentrent de l'école dans leur petite pirogue, les vendeurs se baladent de maison en maison. 

On voit même des cochons élevés sur ces villages sur pilotis. Ça fait de la viande, et en plus leurs excréments attirent les poissons, qui sont donc plus nombreux sous les pilotis et bateaux à cochons ! 

En France, on a raison : tout est bon dans le cochon ! 

Les enfants sont à fond, et les filles mitraillent de photos de toutes parts. On passe un super moment dans les mangroves et sur ce lac à contempler la vie paisible de ces pêcheurs. Et de manière surprenante, la démographie sur le lac est plutôt en bonne santé puisque beaucoup de citadins qui ne trouvent pas de travail dans les villes viennent s'y installer pour vivre des richesses naturelles du lac, qui fournit la quasi-totalité du poisson mangé au Cambodge. 

En tout cas, ça fait une bien bonne pause au milieu de nos visites de temples angkoriens !