Deuxième ville du pays... Déjà que Phnom Penh ne faisait pas vraiment capitale, alors autant dire que Battambang ne fait pas plus deuxième ville du pays.
Battambang, le nom est tiré d'un ancien roi qui possédait un bâton magique. Quand il lançait son bâton, celui-ci lui ramenait tout ce qu'il croisait sur son passage : fruits, légumes, animaux, têtes de ses ennemis. Il se croyait tout puissant. Malheureusement, les oracles lui prédirent qu'il périrait des mains d'un jeune homme. Pour éviter sa déchéance, il fit tuer tous les jeunes garçons du royaume. Seulement, un enfant survécut (en plus à priori ce serait son fils...). Ça vous rappelle quelque chose ? Nous aussi, mais la similitude s'arrête là. Quelques années plus tard, le roi, toujours vivant, organisa une grande fête. Le jeune homme y parut. Le roi, le voyant, voulut le tuer le premier car il avait deviné que ce serait lui son assassin. Il jeta donc son bâton magique. Mais malheureusement, cette fois-ci le bâton ne revint pas. On le cherche toujours depuis.
Ce roi s'appelait Bang, c'est de là que vient le nom de la ville : le bâton à Bang - la batte à Bang - Battambang.
Bref, c'est une agréable ville de province, très tranquille, à l'ambiance coloniale. Comme toutes les villes cambodgiennes, elle a été vidée de tous ses habitants par les khmers rouges qui voulaient que l'ensemble de la population, enfants, vieillards et malades compris, travaillent aux champs pour assurer l'autonomie alimentaire du pays. Ici, on respire la pleine vie cambodgienne, ce qui, après le tourisme de masse d'Angkor, est plutôt agréable. On n'aspire qu'à se laisser porter par les opportunités. Pas grand chose à faire, et pourtant, on passe tout de même une journée à faire les environs avec notre guide tuk-tuk... qui se fait appeler "petit" (c'est pour ça qu'on l'a choisi).
Une très bonne journée, alternant : temples anciens et nouveaux, vieilles habitations, grottes et champs de la mort (de nombreux ossuaires rappellent les atrocités commises par les khmers rouges...ambiance glaçante, on ne s'attardera pas trop, les enfants étant avec nous), petits chemins en terre au milieu des villages si typiques du Cambodge.
|
 |
|
|
 |
|
Le meilleur de la journée restera le bamboo train. Non pas un train servant au transport du bambou comme on l'a cru de prime abord, mais un train fait de bambou. Ou plutôt un plateau de bambou, posé sur deux jeux d'essieux (pour pleurer), avec un petit moteur de mobylette pour propulser le tout. La ligne construite par les français pour le transport du fret sera reprise après la guerre civile par les populations locales pour transporter les récoltes et les travailleurs vers les champs. Le réseau n'ayant qu'une ligne, chaque fois qu'un train en rencontre un autre, le moins chargé doit tout démonter sur le côté, laisser passer le plus imposant, et tout remonter derrière. Un travail harassant. En plus, la ligne avait été fermée pour cause de déraillements fréquents. On comprend pourquoi quand on voit la rectitude des voies... C'est un peu tape-cul, mais assez rigolo.
Le lendemain, chacun vaque à ses occupations. Les enfants et Auré s'essaient au cours de cuisine. Au programme, visite du marché pour faire les courses, Amok et lok-lak (plats typiquement cambodgiens) et ..... ils sont ravis.
Gaële enfourche la petite reine afin de découvrir les alentours. Tour vendu comme 30 km dans la campagne avoisinante avec quelques arrêts afin de découvrir la culture locale. Elle reviendra très sceptique sur les 30 kms... 10 paraitraient plus juste. Et beaucoup trop d'arrêts, certes intéressants : confection de galettes de riz, de bananes séchées, de poissons séchés, de riz gluant cuit dans du bambou. Mais pas de petits sentiers de randonnées, que de la route. Ce n'était pas désagréable, mais pas ce qui était vendu sur le papier. On avait plus l'impression de faire un tour des pauvres afin de nous faire verser notre larmichette, et nous soutirer quelques dollars de plus.
Des associations beaucoup plus sympathiques se sont crées dans cette région, dont une qui nous a tous émerveillés.
Il est vrai que la région a été très touchée par les mines anti-personnel semées deci-delà par les Khmers rouges, puis par les Viets, puis par les Américains, puis par les Thaïs, au point que personne ne sait plus où elles ont été posées. On estime à 60 millions le nombre de mines posées au Cambodge, et environ 5 millions auraient été désamorcées. Encore aujourd'hui, de nombreux endroits ne sont pas déminés, et 15 personnes par mois sautent sur une mine. Les familles après avoir été délocalisées par les mêmes Khmers, sont revenues après ces années sombres dans leurs villages sans le sou, ni les moyens de subsister. Le premier arrivé étant le premier servi après la chute des Khmers rouges en 1979, beaucoup ne peuvent nourrir leur enfants.
Une fois n'est pas coutume, on va faire un peu de pub.
Nous sommes allés voir le spectacle de cirque de Phare Ponleu Selpak.
Cette association accueille les enfants démunis et les orphelins, afin de leur apprendre le métier du cirque. Une représentation a lieu 6 jours/7 .
Le spectacle est bluffant, les jeunes acrobates entre 15 et 20 ans que nous avons vus, ont vraiment du talent. Depuis, les enfants ne parlent que de cirque et Capucine veut apprendre à faire la même chose. Elle avait un sourire permanent accroché aux lèvres le lendemain matin encore. Hugo était à fond pendant tout le spectacle en applaudissant à se fendre les mains, même s'il trouve que ça doit quand même être très fatiguant.
Nous avions déjà vu des projets similaires, notamment en Roumanie, mais il est vrai que celui de Battambang était d'un niveau vraiment professionnel. Chapeau bas, c'est une très belle réussite !
Nous n'avons malheureusement pas de photos du spectacle, mais finalement tant mieux, ça nous a permis d'en prendre plein les yeux sans être en train de chercher le meilleur angle de vue !
Pour nous, le Cambodge, c'est fini. On aura terminé sur Battambang qui nous aura permis de mieux découvrir le vrai Cambodge, bien différent de ce que l'on peut voir sur la côte ou à Siem Reap. Après un peu plus de deux semaines passées ici, on retourne en Thaïlande pour finir notre voyage tranquillement au bord de la mer avant de revenir affronter les frimats de l'hiver. On ne sait pas trop où aller, mais on fait confiance à notre bonne étoile. Et figurez-vous qu'elle ne nous aura pas lâchés sur la fin : un trajet retour qui se goupille super bien nous permet de nous retrouver un peu par hasard dans un petit paradis fabuleux sur la côte Andaman !