Une dose de Cianjur

Nous voilà arrivés à Cianjur, charmante bourgade dans les terres de Java. Deux heures trente de voiture pour faire 140km, première traversée de Java où on l'on rentre dans les terres. Sortir de Jakarta prend un peu de temps, mais l'approche de la campagne est superbe : rizières et volcans se succèdent, et il vaut mieux regarder le paysage que la route... Visibilité très incertaine pour doubler, passage à trois de front, klaxonnage intempestif, freinage un peu brusque, déboitage improvise... Gaële à l'arrière avec les trois enfants adore... Dans notre guide, Cianjur était vendu comme un truc eco-participatif, perdu dans la campagne. Pour toute campagne, on est quand même dans une ville de 100 000 habitants! Le but de notre passage ici et l'objectif de Yudi, le tenancier du business : faire découvrir la vie quotidienne des javanais en partageant leurs activités et leur culture, dans un cadre traditionnel. Ici, on est chez les Sundanese, ethnie majoritaire de Java. Logement chez l'habitant, immersion dans la vie locale, apprentissage de quelques mots du dialecte local (Hugo envoie du "Nuhun", le merci local, dès qu'il croise quelqu'un!), bref une grande bouffée d'air frais après Jakarta. Évidemment, nous ne sommes pas tous seuls à avoir trouvé cet endroit, mais ça a aussi un côté sympa, tout le monde partage la table le soir (repas préparė lors de cours de cuisine locale avec produits achetés au marchė), ça donne une ambiance très cosmopolite. On est resté trois nuits là-bas, on a croisé des anglais, des suisses, des franco-espagnols, des espagno-français, un mexicain, des néerlandais et des allemands. C'est aussi marrant de voir que tout le monde a un programme sensiblement identique, plus ou moins rallongé en fonction du temps du séjour...

On est ainsi allé à l'école. 60 loupiots, 3 maîtresses,  et nous en special guest dans la classe. Salome y est même allée de son petit discours de présentation d'elle et de ses frère et sœur devant la classe (une maternelle, 5-6 ans). Photos de classe avec tous les enfants , les nôtres, les leurs, avec les mères, avec les maîtresses! Ils étaient à fond!

Marches dans les rizières également au programme. On comprend qu'ils ne mangent que du riz, c'est quasiment de la monoculture (à part quelques parcelles de thé).

Les rizières sont à une dizaine de minutes de marche (le long de la nationale). Donc une fois la cohue et l'oppression de la route passée (Salomé s'est quand même fait rouler sur le pied par une moto), les rizières c'était top! Les nuées d'enfants nous saluaient, venaient nous prendre en photos, ce qui rend plus facile de nous aussi les prendre en photos. Le plus hallucinant ce sont les sourires, pleins, francs, éclatants!

Et c'est fou de voir ces petits villages à flanc de montagne, chemins en terre, mais petites filles voilées dès 6-7 ans, et portable dans la main pour nous prendre en photo, soit en se cachant soit en envoyant le grand frère ! Et toujours cette sensation tactile, tout le monde touche les enfants en permanence, avec des sourires radieux qui égaieraient la journée de n'importe quel déprimé.

	Le passage obligé au marché était bien sympa. On trouve de tout bien évidemment : des fruits, des légumes, de la viande (poulet vivant ou mort, bœuf), du poisson (vivant, mort, séché, en poudre...), des oiseaux, des épices (ils aiment manger épicé, mais pas les deux en même temps), des jouets, des fringues, des maillots de foot (dont un seul de club français, devinez lequel...), des montres et bijoux, des téléphones... Bref, un peu la caverne d'ali baba mais le point de passage obligatoire quotidien de tout cianjurien. Enfin, visite d'une ville lacustre, où la construction d'un barrage a forcé les habitants de la vallée qui ne désiraient pas quitter leur région à s'adapter, à construire des maisons flottantes et à se lancer dans l'élevage de poissons. Paysage superbe avec les volcans en fond. Le lac, certes gigantesque, compte quand même aujourd'hui 100.000 habitants ! On a testé le bain de pied avec ces petits poissons qui se ruent comme des morts de faim pour dévorer les peaux mortes. Capu s'est aventurée la première, ça chatouille grave avant que l'on ne s'habitue ! En tout cas, les enfants ont bien apprécié ce passage rural, ils en redemandaient même ! Seul bémol : si l'ensemble des personnes animant toutes ces activités sont d'une gentillesse remarquable, anglophones et ouverts à discussion malgré l'aspect forcément redondant des questions qui leur sont posées, le tenancier est lui devenu un peu businessman et pense plus à faire tourner son affaire qu'à réellement partager... Un très bon séjour néanmoins, avec en principal souvenir le sourire permanent indonésien... Cap maintenant sur Yojyakarta, âme culturelle et historique de Java avec ses temples bouddhistes et ses traditions ancestrales !